A propos de Cultier Marius
Le 23 décembre 1985, le monde de la musique était endeuillé par la mort du célèbre pianiste martiniquais, de classe mondiale, Marius CULTIER.
Assurément, artiste et légende de la Martinique, Marius CULTIER était l’un des artistes antillais contemporains le plus innovant, compositeur hors-pair, défricheur et expérimentateur, il a fait bouger les frontières musicales en introduisant la diversité du latin jazz dans la tradition créole.
Né à Fort-de-France en 1943, il a grandi dans le quartier des Terres-Sainville. En 1958, il se lance dans un genre musical nouveau en compagnie de Charles-Denis Frantz alias Francisco et Jack Gil : La biguine latino et la « biguine lélé » qui marie le tambour traditionnel « bèlè » à la biguine.
A 20 ans, il part s'établir dans les Amériques. Au Canada d’abord, où il devient célèbre et accueille aussi bien des jeunes talents des Antilles et d’ailleurs, que les ténors du jazz et de la pop musique. Il y fonde avec son épouse un espace de production et sa maison d’édition. Il parcourt ensuite les USA et l’Europe pendant les années 70 et 80. Il est alors l’invité des grandes maisons d’édition et d’instruments de musique internationales. A l’occasion de manifestations musicales dans ces pays, il se produit et côtoie les grandes formations musicales internationales et les personnalités du jazz.
Revenu en Martinique, au début des années 80, il ouvre un piano-bar près de la Savane à Fort-de-France où certains soirs et jusqu’à plus d’heure, un public sous le charme refuse qu’il se lève du piano. Marius CULTIER captive et émerveille. Un pur talent. Avec « Ni telman lontan » et surtout « Concerto pour la fleur et l’oiseau », chanté par Jocelyne Béroard, qui obtiendra le 1er prix de la chanson d’Outre-Mer en 1980, il aurait dû atteindre l’inoubliable.
Parallèlement, à partir de 1983, Marius CULTIER se consacre à l’écriture, à la composition, il reçoit chez lui en ateliers des musiciens du monde entier - variété, jazz ou classique - à l’exécution d’œuvres et aussi à la découverte et à la rencontre de nouveaux talents locaux. Il crée des lieux de musique vivante, des ateliers de création et d’éducation musicale en Amérique du nord, dans les Caraïbes où il installe avec sa famille son espace de production et d’édition.
Après des mémorables funérailles et des années d’hommages, de prix posthumes (récompenses, festivals internationaux, espaces, forums, chantiers musicaux, productions discographiques, textes critiques, rue dans son quartier à Fort de France, à Rivière salée en Martinique, etc.,), un comité international dédié à Marius CULTIER a été créé pour réhabiliter son œuvre, sa mémoire et celle de ses contemporains.
L’essentiel de sa carrière internationale se déroulera à Montréal, où il s’installe pendant un temps et où il vit de sa musique surtout comme pianiste de jazz. Eclectique, il composera en anglais, « Easy », « The way it should be », ou des titres comme « Ochun », « Eso guede » et le terrible « Dachin-la ka bouyi gloudou gloudou, wonm lan ka sibmerjé », « Zandoli », « Mazouk souvenir », « Gadé boudin madam », « eso guede », « Qui coulè manman ou », « Nestor », « Piano à Marius Cultier », « Ni tellement longtemps », « Missié sirop », « Diamant », « Ouélélé », « Souskay », « Eh oui doudou », « La fleur et l'oiseau », etc.
Marius CULTIER a été l'un des premiers à mettre le mot « zouk » dans une composition.
Il a participé à l'enregistrement de la célèbre chanson écrite par Emmanuel PAINES « Si manman-ou é madanm ou té ka néyé ». Ralph THAMAR, Georges TINEDOR, Lola MARTIN, Vincent OZIER-LAFONTAINE, etc, ont été ses interprètes. Il a accompagné musicalement de nombreux groupes et fait de nombreux émules au piano. Il a aussi travaillé avec le producteur guadeloupéen Henri DEBS et son nom figure sur bon nombre d'album de ce producteur.
Source : Texte de Philippe Pilotin